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L’écart entre les intentions et la réalité des comportements de consommation responsable


L’Observatoire de la consommation responsable (l’ObSoCo) associé à CITEO[1] a publié en janvier 2021 les résultats d’une enquête qui vise à décrypter les comportements réels du consommateur vis-à-vis de ses intentions[2]. Faisant écho à une étude commanditée par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, FranceAgriMer et l’ADEME illustrant les décalages entre les comportements déclarés et les comportements réels des consommateurs, cette enquête démontre que, en dépit d’une prise de conscience des enjeux environnementaux et d’une volonté de consommer de façon responsable, dans la pratique, les Français ont du mal à associer l’acte aux intentions.

Pour le consommateur, consommer « responsable » signifie généralement consommer local, car les circuits courts sont assimilés à une meilleure empreinte environnementale, de meilleures normes en matière de production, un soutien de l’économie locale. Toujours selon cette étude de l’ObSoCo, les Français ont conscience de l’impact que leurs choix de consommation ont sur l’environnement : 86% des sondés estiment que « leur manière de consommer est nuisible à l’environnement ». « Invités à donner une note allant de 0 à 10 selon la mesure dans laquelle les comportements individuels peuvent contribuer positivement à faire changer les choses, 85 % des répondants ont donné une note supérieure ou égale à 7, dont 60 % 9 ou 10 ».

Et pourtant, lorsqu’il s’agit de passer à la pratique, l’enquête met en lumière un important décalage entre les grandes intentions et la réalité. Malgré les biais existant dans ce type d’enquête déclaratives (les enquêtés ayant généralement tendance à minorer leurs comportements négatifs), 60% des enquêtés considèrent qu’il est difficile de consommer de façon responsable, le coût arrivant en premier facteur limitant.

Alors que le poste « alimentation » est en constante diminution pour les ménages depuis les années 1960 (ce qui correspond à la mise en place de la PAC), le coût de production des agriculteurs est lui, en augmentation en lien avec l’augmentation du prix des matières premières et des intrants, et des exigences environnementales. En effet, bien que le volume annuel de consommation par personne soit désormais quatre fois plus élevé qu’en 1960, la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation est passée de 34,6% à 13,4%. Alors qu’en parallèle, l’IPAMPA, l’indice qui traduit l’évolution du prix d’achat des moyens de production pour les agriculteurs, a augmenté de près de 40 points entre 1990 et 2020. Et cet indice ne reflète que l’évolution du prix des consommations intermédiaires, ce qui, d’après l’Idèle, ne représente que 70% des charges des exploitations laitières, (ce qui a d’ailleurs poussé le CNIEL à formuler des indicateurs de coût de production pour aider les agriculteurs dans les négociations commerciales). Les cours jouent bien entendu un rôle dans la formation du prix payé au producteur, mais les prix agricoles à la production et les prix alimentaires à la consommation sont complètement déconnectés.

Le consommateur final n’a donc aucune idée des charges qui pèsent sur la production et de la volatilité des cours subie par le producteur, dont les effets sont amplifiés par les aléas sanitaires et climatiques qui impactent la production. Il ne subit que les effets de l’inflation, qui le conduisent à considérer que le prix de l’alimentation augmente, alors que celle-ci n’a relativement jamais coûté si peu cher.

Cette étude prouve donc que le consommateur veut un produit de meilleure qualité, qui a couté plus cher à produire, mais que le consentement à payer n’évolue pas en conséquence.

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